J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans
Lettre à Camille
10 décembre 2008- aujourd'hui ma fille, ma Camille, tu aurais 10 ans.
10 ans...c'était il y a une éternité, c'était hier. Tant de choses sont arrivées depuis, et pourtant chaque instant, chaque détail de ces moments avec toi est gravé dans mon coeur, dans ma chair, comme au fer rouge. Le temps passe, mais rien ne t'efface, je n'oublie pas. Tu es plantée dans mon coeur tel un poignard, ma blessure, je te sens à chaque battement de mon coeur, si on voulait t'arracher, mon coeur saignerait, j'en mourrais, la douleur cessera quand mon coeur s'arrêtera.
Il y a 10 ans, j'ai perdu mon enfant, j'ai perdu mon enfance, mon insouciance, à tout jamais. Ma vie a continué, une autre vie? j'ai l'impression d'avoir déjà vécu tant de vies. Je connais de grandes joies, mais mon soleil est à jamais voilé, même les plus beaux jours d'été, puisque tu n'es pas là avec moi.
Il n'y a pas de nom pour l'indicible, la mère, le père, orphelins de leur enfant, la soeur, le frère, privés de leur soeur -seuls les poètes trouvent des mots
"Je suis le Ténébreux, - le Veuf, - l'Inconsolé,
Le Prince d'Aquitaine à la Tour abolie :
Ma seule Etoile est morte, - et mon luth constellé
Porte le Soleil noir de la Mélancolie"
Constance grandit, tu as juste 20 mois de moins qu'elle. Je te vois dans les yeux de Paul, les sourires d'Hélier, je t'imagine dans les jeux de Renaud. Nous leur parlons de toi. Ils nous donnent à voir tout ce que tu n'as pas pu connaitre, tout ce que nous n'avons pas pu vivre avec toi, les mille et unes grandes joies et peines de l'enfance, de la vie. Les lavandes que nous récoltons chaque été dans ton jardin embaument notre maison.
Notre absente, si présente, tu es dans nos coeurs, au coeur de notre vie, au coeur de notre famille.
Il y a 10 ans+9 mois que je t'aime. Comme au premier jour.